UN FILS DE NOTRE TEMPS
D’APRÈS LE ROMAN D’ÖDÖN VON HORVÁTH – JEAN BELLORINIÖdön von Horváth publie Un fils de notre temps alors que le régime hitlérien l’a contraint à l’exil. L’écrivain décrit à la première personne l’enrôlement d’un jeune homme en quête d’une identité qu’il pense ne pouvoir acquérir qu’en s’incorporant à la masse. Ce « sale chien de chômeur » abandonne la soupe populaire, intègre les rangs militaires et revêt, en même temps que l’uniforme, la dignité qui lui manque. Dans le groupe, il croit échapper à la solitude ; dans l’arbitraire, il croit trouver la force. Pourtant, la véritable ligne qui conduit son destin, c’est à la fête foraine qu’il la rencontre. Tantôt membres d’un seul chœur, tantôt miroirs qui démultiplient les facettes du jeune soldat, quatre comédiens, diseurs, musiciens, bricoleurs de sons et d’images poétiques, se partagent le monologue intérieur d’un fils de son époque qui, d’idéal en désillusion, tente de s’évaluer grâce au regard des autres. Oscillant entre incarnation et évocation, les comédiens portent le récit de cette courte vie dans un monde où la confusion, entre repères et repli, espoir et croyance, peur et rejet, n’est pas sans reflet avec les temps actuels.
Jean Bellorini a été accueilli sur notre scène avec son spectacle Paroles gelées d’après l’œuvre originale de François Rabelais et La Bonne âme du Se-Tchouan de Bertolt Brecht.
Production Théâtre Gérard Philipe, Centre dramatique national de Saint-Denis. Coproduction Théâtre national de Toulouse Midi-Pyrénées, L’Atelier.
d’après le roman d’ÖDÖN VON HORVÁTH / mise en scène JEAN BELLORINI / assistanat à la mise en scène, clavier MÉLODIE-AMY WALLET / adaptation et création musicale collectives / avec CLÉMENT DURAND, MATTHIEU TUNE, GÉRÔME FERCHAUD, ANTOINE RAFFALLI
ÖDÖN VON HORVÁTH (1901-1938)
Auteur né en 1901 à Fiume (ville à l’époque de l’Empire austro-hongrois), il doit son enfance nomade (Belgrade, Budapest, Munich, Vienne…) à un père diplomate. Ancrées dans la tradition viennoise d’un théâtre populaire, ses pièces sont autant de critiques dans la dissection du langage et des comportements petits-bourgeois, que du milieu politico-social où les femmes apparaissent comme victimes. Durant l’autodafé de mai 1933, les livres d’Horváth sont brûlés en place publique et les théâtres annulent ses spectacles. Il fuit alors l’Allemagne pour errer de pays en pays. Il écrit Un fils de notre temps peu avant sa mort en 1938 (il se fait tuer sur les Champs-Élysées par la chute d’une branche d’arbre un jour d’orage !).
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Les images que parvient à faire naître ce spectacle sont poignantes et cruelles, poétiques et délirantes, drôles et bouleversantes.
Catherine Robert, La Terrasse