Figure incontournable du théâtre contemporain, Wajdi Mouawad reprend, pour notre grand plaisir, ce solo bouleversant et introspectif autour de la figure du fils.

Seuls est l’une des œuvres majeures de Wajdi Mouawad. Créé il y a plus de dix ans et joué depuis plus de 200 fois, ce spectacle marque un tournant dans son théâtre. Harwan, étudiant montréalais et double de Wajdi, réalise une thèse sur le metteur en scène québecois Robert Lepage. Le jeune homme s’apprête à s’envoler pour Saint-Pétersbourg où il doit le rencontrer, mais un événement familial le rattrape et l’oblige à se confronter à lui-même. Loin du lyrisme de ses premières pièces, ce récit oscille constamment entre autoportrait et fiction. Wajdi Mouawad met ici de côté son goût pour les grandes fresques afin de se recentrer sur l’intime et interprète lui-même ce solo qui nous donne à voir une fascinante « carte mentale » de la famille, forcément émouvante, avec, au centre, cette question de l’héritage qui le traverse inlassablement en tant qu’homme et artiste.
Touche-à-tout de la création, il évolue au cœur d’un dispositif scénique où les mots dialoguent avec la vidéo, les sons et la musique. Jusqu’au moment où la langue manque, remplacée par un geste libérateur. Explosion lyrique, explosion de couleurs, explosion d’un homme face à lui-même. On en sort exactement dans le même état que son personnage : exsangue mais soulagé. Conscient d’avoir partagé une expérience d’une grande force.