Il porte un costume d’homme d’affaires. Complet sombre, veston impeccablement repassé. Il a beau faire les pieds au mur, se tordre en tous sens, se contorsionner au sol, tenir l’équilibre sur les mains, s’arc-bouter sur les cloisons, se recroqueviller, se plier en deux, s’étirer de tout son long, se figer, vibrer ou s’électrifier au son live d’une guitare électrique, rien n’y fait : le cube dans lequel il est enfermé se referme peu à peu. L’espace se rétrécit inexorablement, le contraignant à des poses invraisemblables. La vision est prenante et elle convoque le pire de nos cauchemars. Celui d’un enfermement contre lequel nos poings, tambourinant sur les parois, s’avèrent impuissants. Elle dit, au-delà, la tragédie de l’homme aux prises avec un quotidien écrasant. Dans ce spectacle à nul autre pareil, saisissant, entre arts de la piste revisités et performance, Pierre Rigal, danseur, chorégraphe et metteur en scène, paye, littéralement, de sa personne.