Avec une belle inventivité, les ciné-spectacles de Métilde Weyergans et Samuel Hercule mêlent théâtre, musique et cinéma. Cette fois, ils relisent à leur façon l’une des plus célèbres histoires d’amour signées Shakespeare et lui donnent une résonance politique très actuelle.

Depuis 2005, la compagnie La Cordonnerie revisite les grands classiques de la littérature pour en livrer des versions modernes et universelles. Après Frankenstein de Mary Shelley ou Ali Baba et les 40 voleurs (accueilli il y a quelques années à Angoulême), ils s’attaquent cette fois à Roméo et Juliette, dont les personnages sont rebaptisés pour l’occasion Pierre et Romy. Si l’un vit du « bon côté » de la société, l’autre habite du « mauvais côté » du périph, là où les habitants sont dénués d’apparence physique, invisibles… Mais il en faudrait plus pour empêcher ces deux-là de s’aimer ! « Avec Ne pas finir comme Roméo et Juliette, fable surnaturelle et politique, nous voulons mettre en scène l’histoire de deux êtres qui défient la ligne droite qui leur était destinée », résument Métilde Weyergans et Samuel Hercule. Cette histoire, ils la racontent selon leur manière habituelle, c’est-à-dire en doublant les personnages sur scène, en bruitant et en jouant de la musique en direct, pour accompagner des images filmées préalablement. De cette double temporalité entre cinéma et théâtre naît un décalage astucieux et réjouissant. Une relecture qui nous invite à réfléchir sur ceux que l’on ne voit pas ou que l’on refuse de voir…