La roue Cyr, ce grand cerceau métallique de la taille d’un homme qui évoque l’infini, inspirerait-elle aux circassiens de nouveaux terrains de jeu ? Avec ces deux artistes qui inventent chacun un dialogue inédit entre leur corps et ce lourd cercle d’acier, la question est ouverte !

Né en Argentine et formé au Centre national des arts du cirque (CNAC), Juan Ignacio Tulla travaille avec un agrès bien connu : la roue Cyr, un cercle métallique géant qui pèse… une quinzaine de kilos. Pas le genre de gadget avec lequel, a priori, on se lance dans un hula hoop endiablé. Et pourtant ! C’est avec une virtuosité, une puissance stupéfiantes que l’acrobate en fait son partenaire de jeu et de transe. « La roue génère un effet assez magique », explique l’artiste. Dans Instante, à travers la simplicité d’un mouvement giratoire et répétitif façon derviche tourneur, son engagement physique impressionne. La roue Cyr colle à la peau de l’artiste jusqu’à s’y fondre presque. Et l’on devine la révolte, la douleur, le lâcherprise nécessaire pour réaliser cette sensation charnelle d’une société en tension.
Juan est aussi le cocréateur de Lontano, second solo proposé au cours de cette soirée. Cette fois, c’est une jeune femme, Marica Marinoni, également sortie du CNAC, qui convoque la roue en combat singulier. Au sens propre, puisqu’elle est équipée de gants de boxe. Pour elle, la roue n’est pas un partenaire, mais un adversaire qu’elle va devoir dompter.
Deux approches différentes pour interroger les limites du corps, deux propositions très personnelles qui ouvrent des perspectives insoupçonnées et fascinantes dans l’utilisation de cet agrès.