Né d’une « crise de foi théâtrale » lors de la pandémie, le spectacle de Margaux Eskenazi, liant l’intime, le politique et le poétique, est une ode sensible à l’art comme engagement. Inattendue et passionnante, cette pièce résonne fortement avec nos questionnements actuels et fondamentaux.

Bouleversement inédit pour chacun d’entre nous, la crise du covid-19 et le confinement ont provoqué chez Margaux Eskenazi une véritable « crise de foi » dans son choix existentiel d’exercer les fonctions de metteuse en scène. Quel sens donner à la pratique et à l’engagement dans l’art quand la culture est empêchée, et le contact avec le monde comme étouffé ? Et quelles histoires raconter ? Au fil de longues journées confinées, la metteuse en scène visionne en boucle une conférence donnée par Deleuze en 1987 intitulée : « Qu’est-ce que l’acte de création ? » et retrouve peu à peu le désir d’inventer.
Créée à partir d’un dialogue avec le comédien-metteur en scène Lazare Herson-Macarel, cette pièce s’abreuve au puits des écritures artistiques du passé (Shakespeare et Villon en tête) pour mieux redonner un sens au présent. Entre théâtre, cinéma et musique live, ce spectacle hybride joue de la proximité avec les spectateurs pour faire résonner intimement en chacun et chacune les questionnements sur le sens de nos engagements. De la foi que l’on met dans l’art à celle qui régit nos prises de décision dans toute chose de la vie, la frontière est bien ténue. Et peut-être pas si éloignée de l’engagement des Sept Samouraïs de Kurosawa, référence transverse de cette pièce, pleine de pertinence et d’humour.