Deux artistes indisciplinés face à un bric-à-brac dont ils font naître des merveilles. Un spectacle totalement bluffant, qui s’amuse avec les codes de la magie traditionnelle.

Ici, pas de rideaux de velours rouge, ni paillettes, ni lapin blanc tiré d’un chapeau. Mais un amoncellement de matériaux bruts qu’on pourrait croire tombés d’un camion : planches, tréteaux, film plastique, cageot, entassés sur un rectangle de palettes. Des objets bien ordinaires en somme. Et pourtant, Jérôme Helfenstein et Maxime Delforges, tels des alchimistes de l’illusion, vont, sous nos yeux, les transformer en or. Si, dans À vue, tout est montré d’emblée sur le plateau – les accessoires, les artistes et les techniciens qui travaillent en live –, l’absence d’artifice n’empêche pas la magie, bien au contraire. Avec un art à couper le souffle, Jérôme Helfenstein, Maxime Delforges et leurs régisseurs complices défient les lois de la logique et de l’apesanteur, créant des tableaux éphémères intrigants comme des rêves. Corps passe-muraille ou semblant flotter dans les airs, jeux d’optique, échange d’identités, évasions mystérieuses… toute la grammaire de l’illusion traditionnelle est bien là, mais totalement déjouée. Sans avoir l’air d’y toucher, nos magiciens un peu poètes créent le trouble, nous embrouillent les sens. Et c’est peu dire qu’on adore être embarqué, quel que soit notre âge !