Défiant l’attraction terrestre, Angelin Preljocaj signe avec Gravité un grand ballet pour treize interprètes. Virtuosité des danseurs, lumières somptueuses, scénographie aussi épurée qu’élégante : le chorégraphe nous éblouit cette fois encore.

Si Angelin Preljocaj alterne depuis plus de trente ans des pièces de danse abstraite et des ballets plus narratifs, Gravité en est le parfait trait d’union. Elle se présente comme une œuvre de recherche, mais elle embarque tous les publics, notamment grâce à une bande-son très éclectique où se côtoient Bach et Daft Punk, Chostakovitch, Xenakis et Philip Glass. Révélant en son cœur une version hypnotique et totalement réussie du Boléro de Ravel, les solos, duos, quatuors, tableaux d’ensemble des treize danseurs, les amènent à repousser leurs limites, en explorant leur rapport à la gravité, à la légèreté, à la vitesse. Le corps et le sol, le poids et l’espace, la vitesse et la chute sont des notions qui, depuis ses débuts, traversent l’œuvre de Preljocaj, mais se renouvellent ici en expérimentant la lenteur, la suspension et le ralenti. Entre ancrage au sol et élévation, la fascination pour la verticalité trouve son apogée dans des tableaux doux ou fougueux. La performance des corps côtoie la poésie des mouvements, de la fluidité à la déflagration. La traversée est sensorielle et sensuelle, emportant les spectateurs dans un vertige délicieux.