«  Regarde l’air, le noir et le ciel pur  », murmure un acteur à une chouette qui se tient campée sur sa main. Une chouette sur une scène de théâtre ? Rien d’étonnant avec ce spectacle singulier, qui s’enfonce dans la nuit et la nuit, on le sait bien, surgissent toutes sortes de créatures. Sous la houlette conjuguée des chorégraphes Marilén Iglesias-Breuker et Luc Petton, qui signent ici leur quatrième opus, et l’auteur de La Divine Comédie, un étrange ballet s’organise. Onirique, forcément. Et sacrément vivant. Les danseuses et les danseurs prennent le plateau à coup de gestes souples, tournoyant sur eux-mêmes ou rampant sur le sol. Ils donnent l’impression de se battre contre des ennemis invisibles, sans doute des démons intérieurs, tandis que se lovent dans les airs deux circassiens. Enfin, au cœur de cet inquiétant manège nocturne, on voit passer un loup, des oiseaux de nuit, fiers et magnifiques, et même un vautour. L’homme, dès lors qu’il n’est plus prédateur, ferait-il surgir l’aube d’une nouvelle relation ? Un spectacle étrange et envoûtant.